Je ne sais pas, je sais

suite en vers libres

La chair laisse
Une tache
D’années de mois

Attente désemparée
Du secours d’un nom

Le quotidien s’écoule
Et renvoie aux rues désertes
(lieux destitués)

Désormais voilée,
La voix de longue absence

Tomber à genoux du corps
Au mépris de la secousse
Roses trompeuses
Épines scarifiées

Non
Je ne sais pas
Croiser
Les bras sur mon impatience
 
Non
Je ne sais pas
Regarder
Le trait de lèvres muettes
 
Non
Je ne sais pas
Ignorer
L’acéré d’une parole
 
Non
Je ne sais pas
Oublier
Le vide d’une main étanche

Mais le calme excessif
Connait l’habitude

Je souris au doute
Borde le lit de roches et
Suis la lenteur du plancher

Ainsi je sais
Aborder
L’intention de la vie
Dans ses bruits intérieurs

Je sais
Contenir
Le tumulte des pulsations
Dans l’étui du jour

Je sais
Répondre
Aux appels de l’heure inégale
Dans le vent

Je sais
Amarrer
Ma respiration
Aux temps de la terre

Je sais
Briser
Le chagrin
À la proue du désir
 
Et taire
Tes exigences :
Mon souvenir s’est délié de toi
Ton visage n’y parait plus.

Oeuvre sans titre de Richard Diebenkorn, peintre américain (1922-1993). Crédit photo: source inconnue.

NDLR (Vève): j’ai écrit cette suite en vers libres en retour d’évocation d’un poème écrit par mon père en 1942, « Si tu doutais ». Ne pas y chercher de résonance particulière. Y lire un seul effet de cause.

5 réflexions sur “Je ne sais pas, je sais

  1. La résonance de tes mots, comme une musique moderne un peu cacophonique qu’on écoute plusieurs fois avant de se sentir interpellé et laisser notre esprit , notre raison, notre coeur cheminer…il n’y a pas assez d’une vie pour vivre toute sa vie. Toute une réflexion dans laquelle tu nous engages!

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  2. Merci pour cet écho.
    Je suis frappée d’y retrouver précisément l’essence de ce qui m’habitais lorsque j’ai écrit ce poème: c’est en vivant qu’on soulève les multiples strates qui nous composent. Elles procèdent de ceux qui nous ont précédé, nous font découvrir qui nous sommes. Ça ne finit jamais, non!

    Aimé par 1 personne

  3. Un poème, comme une musique, soulève une humeur (de mots) en soi, différente à chaque lecture… Tant mieux si tu as lu (entendu) « quelque chose ». Merci pour la visite, et l’écho.!

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