Échappée portugaise (#4)

carnet du jour — 6 mars 2023.

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un tiers seulement de son œuvre publiée et le contenu d’une malle qu’il reste à déchiffrer — Fernando Pessoa habite la réalité extérieure comme on voudrait rêver le monde

« lieu où l’on pense, où l’on ressent » écrivait-il

le soleil son dôme mystérieux nous lie les uns aux autres bariolés versicolores comme un viatique mais nos visages jalousés avec grigris papiers d’identité où il est désormais interdit de sourire pour la photo

je réfléchis souvent à ce thème — pourquoi se dénaturer ne sommes-nous pas multiples et pourtant instinctifs différents à choisir la joie le bonheur et pourtant solidaires — comparses de nostalgie

ici au Portugal la saudade* délicieuse romance la déception de l’amour triste; de l’autre côté de l’océan elle broie le diable et le noir au corps; les allemands la rêve où elle n’ira jamais; les anglais lui prête un idéal de soif dérobée; ce que les japonais déplorent après chaque saison: pourquoi tout doit-il finir par finir

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*saudade = mot portugais que Monsieur Larousse définit comme « sentiment de délicieuse nostalgie, désir d’ailleurs » (pas de correspondance en français, « langueur » en serait une acceptable approximation)

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