poème libre
Ciel ouvert La pointe du soleil Ramène les chemins de sable Burinés par la mer Aux présages du vent Du plus loin de la vie –
À la mer comme en amour, l’originel dont nous procédons, de mer à corps-enfant, de fille à femme puis corps-mère, assise minérale consacrée à nos sources souterraines.
Mais avant, ma solitude Laissait l’orage Battre mon ile-cœur
L’amour nait de l’entaille, hors noyade et crue des eaux, un élan qui submerge, soupire des mots insensés qui réparent le cœur, et saisit à mains nues le grand livre ouvert du vivant.
Mais avant, ma solitude Jouait une mélodie fantasque Cris d’ivrognes et de Pirates déchus
La mer s’installe à l’amour tel un nœud coulant, elle allume des phares improbables à l’ourlet des vagues, ses bras vous jettent à la lessive du sol, les yeux écarquillés.
Mais avant, ma solitude Encombrait ma robe De galets et de Résidus calcaires
La mer réchappe l’amour de son propre soleil, un condensé des désirs à voir naître : sueurs torrides des jours liquides, liberté ondulante qui engendre le germe, grâce absolue de sa musique thermale.
Mais avant, je rageais ma guerre Carnet secret dépossédé Rendu à ta présence Toi, diligent et marin Et le large nous a pris –
La mer exalte des nageoires argentées, valses et explosions au hublot de la chair, rochers enfin abreuvés à l’éblouissement qui ressoudent d’une seule consonne, m, la matrice.
L’onde a mûri Au germe du sang Atomes nés De ton mât d’albâtre De mes cheveux d’ébène –
La mer fait danser nos enfants sur ses aréoles, marées innocentes et altérité animale, suspendus à son va-et-vient, promenade au clair de lune dans des flotteurs de cétacés.
L’onde a mûri La vague a peuplé (babils purs, pommettes solaires) Poids maternel Au pré de la brasse –
La mer respire, pulsations de berges et de rivages, parois de ciels noir, bleu, blanc, à remonter ses remous, halage paisible en son cœur de sel.
L’onde a mûri La vague a peuplé (rires, pensées vagabondes) Réflexes hérités Du temps mémoriel –
La mer dessine des méandres comme l’amoureuse lèche les vallées de derme, sans hâter la tombée des jours ni leur levant, soulée à la source de sa voûte, exposée à son cœur de sel (oui).
Les réflexes hérités Du temps mémoriel Réveillent les verres de mer À l’encre vraie : Le voyage commence –
La mer est un pays d’intervalles, rives de joncs sonores, soupirs d’écume arc-en-ciel, elle secoue les fragments de son lit, ouvre ses ports à la vie.
L’encre vraie du voyage Mouille la barque Sur les flots amènes De nos branchies.
Je sors sur la galerie. Elle vente sa rengaine de fissures. Tu l’as construite avec des pièces d’épaves récupérées. Je m’assieds, j’étire les jambes. Mais avant, Océane dormait. J’ai ramené le drap sur ses menues épaules. J’ai ramassé les galets d’Ariel étalés de la porte d’entrée à sa chambre, j’ai éteint sa veilleuse. Pélagie et Morgan ronflaient, tête-bêche dans leurs lits de jumeaux, la main, chacun, refermée sur l’échelle que tu as fabriquée avec des branches blanchies à l’eau de mer. J’ai éteint leurs liseuses. Je reconnais ton petit chalutier sur les zigzags mous, vous êtes trois, la poutre du tien dépasse. Tu rentreras poussé par la trouée du jour et avec la soif de nous retrouver, à l’avant de ton tirant (longue fente éclairée telle des bras en prière), tu rempliras le chambranle de ton ample silhouette décoiffée avant d’entrer et de boire mon lait de lune.

Je suis très admirative des poètes qui écrivent en style libre ! quelle belle histoire tu nous racontes là !
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Merci d’être passée, belle Gibulène, et d’avoir lu ma « fantaisie »…
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J’ ai été bercé par cette ballade
Merci
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Cela m’enchante! Merci d’être passé.
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L’incessant ressac de la mer, comme celui de la vie m’interpelle tant! ✨❣️
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Comme j’aime la Mer! Et je suis très attirée par cette façon d’écrire: prose et poèmes comme si 2 voix se rencontraient, s’entrecroisaient?
Je bâtis Waka et haikus avec poèmes libres dans mon prochain Recueil.
Ce travail de composition, comme le vôtre, est passionnant et peut vraiment raconter une histoire qui accroche, dit quelque chose. Merci Geneviève!
Vous nous direz vos publications bien-sûr!
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Merci tant d’être passée, Françoise. Je suis touchée au plus fort. Votre remarque sur les 2 voix est intéressante: les premières versions (il y en a eu plusieurs, 🧐) laissaient entendre une seule voix – tel un long soliloque. Je n’ai été satisfaite et « confiante » qu’à partir du moment où j’ai écouté la deuxième et lui ai laissé SES mots. Par ailleurs, j’aime la forme « ouverte » du vers libre, que Jean-Michel Maupoix désigne « modulation individuelle ». Cela tient aussi de la prose poétique, et permet à une histoire de parler, oui. Au plaisir de prochains partages.
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Il y a tant à relire encore
Une malle aux trésors à fouiller.
J’aime beaucoup
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Merci pour la visite, Jean-Marc, et l’écho. Touchée au plus fort. Prenez tout votre temps pour lire, et relire – c’est la beauté d’un blogue « tout confort ». 😉✨❣️
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Je connais peu le français, mais grâce au traducteur Google, je peux accéder à vos précieuses lettres. Un plaisir.
2291 Haiku
Sous la lumière,
les couleurs s’éveillent,
au milieu de la nuit.
1/7/21 j.ll.folch
2291 Haiku
Bajo la luz,
despiertan los colores,
en plena noche.
7/1/21 j.ll.folch
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Et moi peu l’espagnol, alors nous sommes dans le même bateau du traducteur Google – un widget que j’ai ajouté à l’intention de mes lecteurs du monde entier qui me font l’immense plaisir de me lire. Merci d’être passé, et pour le bel haïku!
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de rien pour le Haiku
à bientôt
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Allo Vève,
Très belle histoire. Poème nouveau genre, pour moi… Je découvre et c’est magnifique!
Merci !
G.S. xx
>
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Merci d’être passée, et pour l’écho. Nouveau genre, oui, j’aime l’idée!
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Bonjour Vève merci pour cette magnifique prose poétique dans ce message subtil sertie de poèmes courts .Assisté par la lune tu as su donné une âme à la mer qui enfante sous nos yeux. Je n’arrête pas de lire et de relire ton magnifique texte pour m’en imprégner.
Merci Vève pour tout ce que tu nous donnes.
Amitiés
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Charef, bonjour, et merci pour tes mots et ton regard si juste sur les miens. Touchée au plus fort, venant de toi le poète. Amitiés!
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Comme une symphonie à l’amour. Très beau, plus on relit plus c’est beau !
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Merci d’être passée, et pour l’écho. Venant de toi, cela me touche tout particulièrement. ☺️
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